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David Couvidat :
Le voyage dans la collection « Terre Humaine » (1955-2015) : le récit des métamorphoses d’un auteur et d’une civilisation
Résumé
Les témoignages écrits par les auteurs de la collection « Terre Humaine » fondée par un explorateur français, Jean Malaurie, souligne la permanence de pratiques culturelles anciennes sur une longue période. Le récit de voyage et le film documentaire Les derniers Rois de Thulé, publié en 1955 et diffusé en 1970, peuvent être considérés comme la chronique de la transformation d’un jeune géographe et la narration d’un changement culturel au sein de la société inuite. Initialement centrée sur le voyage, la relation de voyage devient un témoignage ethnographique où les mutations d’une société traditionnelle sont décrites comme une catastrophe.
Abstract
The testimonials written by the authors in « Terre Humaine » Publishers’ Series founded in 1955 by a French explorer, Jean Malaurie, underline how ancient cultural practices has been maintained has been maintained over an extended period of time. The travel account and the documentary film Les derniers Rois de Thulé, published in 1955 and screened in 1970, may be considered as the chronicle of a young geographer transformation and the narrative of a cultural change in the Inuit society. Originally focused on the traveler, the travel writing has become an ethnographic testimonial where the transition of a traditional society is described as a disaster.
Index
Mots-clés : Drame de Civilisation , Jean Malaurie, Les derniers Rois de Thulé, Récit de voyage, Terre Humaine
Géographique : Groenland
Chronologique : Période contemporaine
Plan
- Introduction
- Les derniers Rois de Thulé, embryon de « Terre Humaine »
- La vocation initiale de « Terre Humaine » : le voyage et l’exploration
- Du voyage initiatique au témoignage ethnographique
- La chronique d’un drame de civilisation
- Conclusion
Texte intégral
Introduction
La collection « Terre Humaine » a été consacrée comme un monument de l’édition française en 2005 à l'occasion de la célébration de son cinquantenaire organisé sous la forme d’une exposition précédée d’un Colloque à la Bibliothèque Nationale de France, sous le haut patronage du Président de la République. Cet événement donnera lieu à la publication simultanée de deux ouvrages aux éditions de la Bibliothèque Nationale de France : Terre humaine, 50 ans d'une collection. Hommages1 et Terre humaine, 50 ans d'une collection. Entretien avec Jean Malaurie2. Si Jacques Chirac qualifie la collection de « formidable et exaltante aventure éditoriale3 », d’autres commentateurs de ces trois journées d’hommages vont jusqu’à comparer la collection à un « monument national4 ». L’exposition « Terre Humaine, louons maintenant les grands hommes », du 15 février au 30 avril 2005, a permis à un large public de mieux connaître cette « aventure éditoriale ». Ces journées d’hommages ont surtout souligné la diversité des espaces géographiques, des genres d’écrits représentés et des profils des auteurs : le récit d’exploration d’un géographe dans le nord-ouest mythique du Groenland, l’autobiographie d’un folkloriste de la région côtière du pays Bigouden, l’essai d’un écrivain sur la vie séculaire à l’intérieur du dédale des rues du quartier juif de la ville de Prague, le carnet d’un poilu anonyme affecté au service de ravitaillement à l’arrière du front pendant la Grande Guerre, ou encore le journal tenu par un poète lors d’un séjour sur les terres ingrates de l'île de Psara, non loin des côtes turques. Ces volumes appartenant à des genres très divers sont rédigés par des auteurs d’horizons variés à partir d’une expérience que ces derniers ont vécue en partageant la vie collective d’une communauté vivant à l’intérieur d’une région singulière du globe, à un moment donné de leur histoire. En accueillant par exemple des discours enregistrés d’analphabètes, transcrits et traduits, « Terre Humaine » permet d’interroger le statut même de la littérature à l’égard des sciences humaines, c’est-à-dire la perméabilité du champ littéraire. Une des audaces remarquables de la collection est en effet de faire se côtoyer à l’intérieur d’un même ensemble un ouvrier mineur avec un écrivain, un détenu avec cinéaste, un pêcheur avec un agronome, un poilu avec un historien ou encore un Indien avec un anthropologue. S’établit ainsi une sorte de société sans classes, sans grades et sans échelons.
Rédigé à la demande de Jean Malaurie, Terre Humaine : des récits et des hommes de Pierre Aurégan, paru pour la première fois en 20015, est le seul ouvrage à la fois anthologique et critique entièrement consacré à la collection. Le travail, qui relève autant de l’anthologie que du commentaire, consiste à retrouver l’unité et la cohérence d’une collection hétéroclite, à cerner son originalité et à la replacer dans son contexte intellectuel et historique. En grande partie à partir des propres réflexions de Jean Malaurie sur sa propre collection, l’auteur identifie trois critères qui permettent à un témoin de devenir un auteur dans « Terre Humaine » : être une personnalité d’exception avec un fort caractère ; avoir vécu une expérience à la fois exemplaire et extraordinaire ; posséder une aptitude à conter et à se raconter6. La parution d’un livre à l’intérieur de la collection ne dépend certes pas prioritairement de la valeur littéraire du texte. Pour édifier son entreprise éditoriale, le directeur de la collection semble en effet accorder autant d’importance à la trajectoire personnelle de l’auteur qu’à ses capacités d’écriture proprement dites. Pendant le colloque en 2005, l’auteur choisit d’intituler sa communication « Drame de l'histoire » en proposant une lecture tragique de « Terre Humaine ». La collection accompagnerait une série de drames de la seconde moitié du XXe siècle qui régiraient l’organisation du récit, le choix des photographies mais aussi la description de l'espace et des personnages. Différents types de tragédies sont distingués lors de cette communication : les drames des peuples racines, des sociétés paysannes, de la vie rurale, des victimes de l’histoire, les drames à caractère sociologique et culturel (culture populaire, réhabilitation des métiers anciens), les drames liés à exclusion (incarcération, handicap, folie) ou à la protection de la planète. À partir d’un examen des discours de l’éditeur à l’intérieur du paratexte éditorial de la collection et de l’œuvre arctique de Jean Malaurie à Thulé, l’objet du présent article est de mettre en évidence le fait que l’écriture sur l’ailleurs à l’intérieur de « Terre Humaine » met en scène deux métamorphoses qui font du récit de voyage la chronique tragique du changement culturel d’une société : celle d’un auteur, sous la forme d’un voyage initiatique, et celle d’une société, sous le mode d’un drame de civilisation.
Les derniers Rois de Thulé, embryon de « Terre Humaine »
La collection « Terre Humaine » peut être envisagée comme un espace façonné par Jean Malaurie pour étendre son travail mené dans l'Arctique à l'échelle de la planète. Dans ses mémoires parus en 1999, le géographe français précise que la collection, née chez les Inuits7 de Thulé, correspond à une investigation parallèle à celle qu’il poursuit dans l’Arctique8. Dès son lancement, le destin de « Terre Humaine » est très étroitement lié à celui de l’œuvre arctique de l’explorateur. La condition ultime posée par Jean Malaurie pour la publication de son récit d’exploration à Thulé au sein de la maison d’édition Plon est la création de la collection. « Terre Humaine » présente ainsi la particularité d’être une collection dont l’identité est intimement associée à la personnalité de son fondateur. Jean Malaurie la présente comme une ombre de lui-même et un itinéraire de réflexion :
Cette collection correspond à une vie d’homme, et elle s’achèvera, c’est probable, avec la vie de son créateur : mes liens avec Terre Humaine ne sont plus à dire. Je ne conçois pas ma vie sans elle. Elle est comme mon ombre. Et la découverte de sociétés et civilisations, de personnalités parfois extraordinaires, m’a permis de regarder les problèmes sous d’autres angles9.
La collection s’est ainsi bâtie autour de l’édification d’un corpus ou d’un catalogue personnel d’œuvres, qui ont captivé l’éditeur au hasard des rencontres le long de sa longue vie passée entre les zones tempérées et polaires de la planète. Jean Malaurie est en quelque sorte le tronc de la collection à partir duquel les branches partent dans diverses directions. Co-auteur de nombreux ouvrages, il les surveille de près comme une plante dont il a semé la graine.
Premier Français à avoir atteint en 1951 le pôle géomagnétique nord, directeur de recherche émérite au C.N.R.S. depuis 1992, fondateur de la collection « Terre Humaine », Jean Malaurie, anthropogéographe mais aussi ethno-historien, géomorphologue, écrivain et cinéaste, a dirigé plus de trente expéditions scientifiques en Arctique, du Groenland au Canada, du détroit de Béring à la Sibérie nord-orientale. Il reçoit à la fin de sa carrière de nombreuses médailles et titres prestigieux, en France, au Groenland et dans le monde entier. En 2007, il est nommé ambassadeur de bonne volonté pour les régions arctiques à l’UNESCO et président d'honneur de l'Uummannaq Polar Institute, une institution ayant pour vocations la conservation de la culture groenlandaise locale et la promotion de programmes éducatifs pour les jeunes Inuits. Après avoir participé aux deux premières expéditions de Paul Emile Victor au Groenland en 1948 et en 1949, Jean Malaurie réalise sa première mission géographique auprès de l’une des tribus les plus septentrionales du globe pendant l’hiver 1950-1951. À son retour d’une expédition en Terre d’Ellesmere en compagnie de quatre compagnons Inuits, il prend connaissance avec désarroi de l’avancée du chantier de construction d’une base américaine secrète, le 16 juin 1951. À ses yeux, cette implantation occidentale brutale au milieu des territoires des Inuits est une violation des droits des autochtones à disposer de leurs terres ancestrales. Face à cette injustice, il décide de publier d’urgence le récit de son expérience d’hivernage en 1955 intitulé Les derniers Rois de Thulé. Une année parmi les Eskimos polaires du Groenland10 et de fonder simultanément la collection « Terre Humaine » aux éditions Plon. L’engouement que suscite le deuxième volume paru la même année, Tristes tropiques11, rédigé par Claude Lévi-Strauss, assure le succès du lancement de la jeune collection. Le récit d’exploration et le film Les derniers Rois de Thulé, diffusé en 1970 et découpé en deux parties12, peuvent être lus comme la narration de la transformation d’un jeune géographe auprès de ses hôtes puis des mutations tragiques de la société inuite entrée soudainement en contact avec une civilisation occidentale.
La vocation initiale de « Terre Humaine » : le voyage et l’exploration
« Notre Président directeur général est d’accord sur le principe d’une collection groupant des ouvrages de voyages et d’explorations déjà publiés ou retenus par notre maison13 ». Dans le cadre d’un accord contractuel entre le directeur de collection et la maison d’édition, le courrier de Charles Orengo, adressé à Jean Malaurie le 16 avril 1953, précise que la collection « Terre Humaine » avait à ses débuts pour principale vocation de proposer aux lecteurs des années 50 des récits de voyage et d’exploration portant sur des mondes lointains. En complément du domaine de l’édition en sciences humaines, la collection « Terre Humaine » s’ajoute à d’autres collections de littérature de voyage dans les années 50, ou encore à la collection « Sempervivum », lancée en 1949 sous la direction de l'alpiniste Félix Germain (1904-1992), consacrée à l’étude et à l’exploration de la montagne. Plus généralement, les éditions Arthaud ont bâti leur succès sur la parution de magnifiques ouvrages illustrés sur les Alpes et sur des thématiques traditionnelles liées à l'aventure, en particulier dans les domaines de la montagne, de la voile et des récits de voyages. D’une manière semblable à la collection « Les beaux pays » chez Arthaud14, la collection « Petite Planète » lancée aux éditions du Seuil en 1952 et dirigée par Chris Marker, tenait à une volonté éditoriale de proposer aux lecteurs une autre vision du monde que celle des guides de voyage ou des ouvrages académiques destinés à un public de spécialistes. Sans toutefois renier l'aspect novateur du programme éditorial élaboré par Jean Malaurie, il convient donc de le modérer.
L’idée du voyage et d’exploration dans la collection « Terre Humaine » réagit à l’essor de la diffusion de guides touristiques, par exemple à l’intérieur de la collection « Les Guides Bleus » chez Hachette. « De la pierre à l’homme » dans le cas des volumes de « Terre Humaine » dans les années 50 ou « du monument à l’homme », dans le cas de « Guides Bleus » dans les années 70, le voyage se veut plus humaniste, écrit sous la forme d’un témoignage incluant les impressions personnelles du voyageur et la rencontre chaleureuse avec les habitants. En effet, avant la mini-révolution de la collection des « Guides Bleus » en 1972 impulsée par l’arrivée aux commandes de Gérald Gassiot-Talabot, les célèbres guides, très documentés et destinés à un lectorat cultivé et curieux, étaient structurés selon une trilogie classique « monuments-sites-musées15 ». Dans les années 70, il importait désormais à l’éditeur de promouvoir un voyage s’intéressant davantage aux aspects humains du voyage, c’est-à-dire à la rencontre avec les habitants, au travers d’une narration subjective permettant de rendre compte d’une manière personnelle des impressions d’un auteur et de rendre plus accessible une riche documentation.
La déclaration d’intention16 de la collection « Terre Humaine » entre 1960 et 1975 annonce une continuité avec la tradition du voyage philosophique17 que la collection des « Guides Bleus » a également contribué à perpétuer :
Les sciences humaines appellent moins des précis que des documents. C'est un souci de mieux faire connaître les travaux d'ethnologue, d'historien, de géographe, certaines relations de voyage, que répond la collection Terre Humaine. […] L'auteur, soumettant la société ou le phénomène qu'il analyse à sa réflexion attentive, s'efforcera de juger et de se juger. La collection souhaite ainsi chaque fois que l'occasion s'en présentera renouer avec la tradition du voyage philosophique.
Dès ses débuts, la collection est présentée comme une entreprise de vulgarisation de travaux scientifiques et de « certains » récits de voyage, sous la forme d’un témoignage mettant en avant l’expérience vécue du savant. La réinvention de la tradition du « voyage philosophique » dans la collection « Terre Humaine » laisse transparaître une voie de création esthétique féconde fortement inspirée des mutations de l’écriture en sciences humaines. L’élaboration d’une poétique ethnographique à l’échelle de la collection prend comme point de départ une réflexion de type épistémologique sur la connaissance de l’Homme. Le compromis mis en œuvre à l’intérieur d’un voyage philosophique, à la fois scientifique et littéraire, doit aussi permettre au témoin d’adopter une démarche plus « humaniste », c’est-à-dire à la fois plus réflexive et sensible pour comprendre la vie humaine. À partir de 1975, l’évolution du texte de la déclaration d’intention démontre que la réflexion initiale de nature épistémologique de l’éditeur autour de la relation de voyage répond peu à peu à des enjeux d’ordre politique :
[…] Pensées primitives, instinctives ou élaborées en interrogeant l'histoire témoignent de leurs propres mouvements. Et ces réflexions sont d'autant plus aiguës que l'auteur, soit comme acteur de l'expérience, soit au travers des méandres d'un « voyage philosophique » se situe dans un moment où la société qu'il décrit vit une brutale mutation. […]
Initialement centré autour de la personne du voyageur à des fins de formation personnelle et d’ouverture d’esprit, le récit de voyage se fait peu à peu la chronique d’un changement culturel que l’auteur perçoit comme éminemment tragique. La « brutale mutation » d’une société au contact d’une civilisation fait de l’exploration d’un espace géographique une occasion de témoigner de la détérioration des conditions de vie des habitants.
Du voyage initiatique au témoignage ethnographique
Une citation de Marcel Proust sur le voyage est reproduite plusieurs fois dans le paratexte éditorial, non seulement dans le Bulletin Terre Humaine mais aussi dans les entretiens menés avec Jean Malaurie à l’occasion du cinquantenaire de la collection à la Bibliothèque Nationale de France en 2005 :
Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est18.
Voir le monde selon le point de vue de l’autre suppose une expérience de relativisation de son identité culturelle qui est le propre de la démarche ethnographique. Le périple qu’entreprennent les auteurs de la collection s’apparente plus à un voyage initiatique dans lequel l’expérience intérieure au contact d’une altérité culturelle est mise en rapport avec l’examen d’une identité collective. La pratique du déplacement et l’écriture du voyage s’associent pour dévoiler un univers culturel selon le point de vue de l’autochtone. Dans la collection « Terre Humaine » comme dans l’œuvre arctique de Jean Malaurie, l’écriture sur la métamorphose d’un auteur au contact d’une altérité culturelle perd en importance pour laisser progressivement place à la narration d’une transformation tant radicale que tragique d’une société. Le récit de Jacques Lacarrière paru en 1976, L’Été grec19, parvient par exemple à dévoiler une Grèce méconnue du grand public. Ses multiples allers-retours entre la France et la Grèce, sa fine connaissance de la langue des habitants, son immersion parmi les populations les plus périphériques du pays comme les moines du Mont Athos, ainsi que sa volonté de narrer les mutations tragiques d’une société, font de son récit de voyages un témoignage ethnographique d’une grande efficacité littéraire. À la suite de Chemin faisant20, les pratiques d’enquête et d’écriture mise en œuvre dans L’Été grec singularisent l’ouvrage par rapport à l’ensemble de son œuvre, surtout composée de romans21, d’essais22 et de poèmes23.
La réécriture périodique d’un récit de voyage après une première publication est un phénomène relativement rare. Or, c’est précisément la démarche de Jean Malaurie, qui restructure en profondeur24 à cinq reprises la première édition de son récit d’exploration à Thulé : proposer au lecteur le temps retrouvé d’une expérience personnelle, en même temps que celui d’une civilisation dont l’auteur a partagé l’existence. Le sous-titre du témoignage de Jacques Soustelle, « Souvenirs et réflexions d’un ethnologue au Mexique25 », indique une prise de distance temporelle ou un retour sur une expérience de jeune homme, sous la forme d’un ouvrage mêlant essai et mémoires. L’expérience vécue au contact des Indiens lacandons et otomis est redéfinie au gré du temps écoulé entre le temps du voyage et celui de l’écriture. Même s’ils peuvent représenter un intérêt esthétique ou scientifique en soi, les carnets ne demeurent toutefois que le point de départ de l’écriture du texte ethnographique. Par exemple, l’ouvrage de Jean Léry, Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil (1578), que Claude Lévi-Strauss considérait comme le « bréviaire de l’ethnologue26 », a été rédigé plus de vingt années après le retour en France du voyageur calviniste (1558). Dans la préface de l’édition anglaise de son récit d’exploration à Thulé, après avoir rendu hommage aux récits de voyage tardifs d’Alexander Von Humboldt, du Père Huc et de Jack London, Jean Malaurie exprime son admiration à l’égard des récits de voyage écrits après une période d’incubation permettant d’écrire avec perspicacité et maturité l’expérience vécue du jeune aventurier :
The weakness of big travel narratives and reportages very likely derives from the writer’s haste to preserve vivacity at the expense of deeper internal experience. It is the search of the time newly refound that I offer to the reader27.
Le directeur de la collection « Terre Humaine » encourage les auteurs (Balandier, Lacarrière, Duvignaud, Turnbull, Makal) à décrire leurs expériences de retour sur leur terrain d’enquête afin de réaliser une mesure longitudinale28 du changement social. La littérature n’est pas seulement une écriture immédiate, spontanée et instantanée du réel, elle implique un retour réflexif sur le temps vécu susceptible d’éclairer l’avenir. L’expérience à l’origine de la production d’un témoignage ethnographique n’est pas seulement vécue, comparée et documentée, mais elle est en outre remémorée, « re-connue ». Ce retour cognitif est fondamental pour saisir les enjeux esthétiques des choix d’écriture sur le changement culturel dramatique à l’échelle de la collection. Le témoignage ethnographique implique un retour réflexif sur le présent vécu, un intervalle entre le temps de la vie et celui de l’écriture. La pratique de la photo-témoin chez Darcy Ribeiro29 obéit à une logique similaire : faire le portrait d’un Indien d’aujourd’hui permet de conserver une trace d’un présent éphémère. Le « ça a été30 » de l’acte photographique portant sur un paysage ou un visage permet instantanément au spectateur de mesurer le temps écoulé entre le temps de la prise de vue et le temps de lecture, et à l’auteur de retrouver le temps de l’expérience lors du passage à l’écriture, lui faisant produire un sens partageable. Une réflexion de type épistémologique, le retour sur une expérience vécue après de longues années, devient une opportunité de dénoncer les impacts dramatiques d’un contact entre société traditionnelle et une civilisation plus moderne.
Le récit d’un retour des auteurs sur leur terrain d’étude, souvent sur demande de l’éditeur, permet généralement de constater le déclin d’une société anciennement glorieuse. Le drame de civilisation émane de la radicalité de transformations désastreuses qui ont déshumanisé le cadre de vie d’une population donnée. En complément de la mise en réseau de cartes ou d’archives de différentes périodes de l’histoire d’une civilisation, l’ajout d’un paragraphe par l’auteur en fin d’ouvrage, sous la forme d’un retour sur les lieux plusieurs années après la publication d’un premier témoignage, souvent sur demande de l’éditeur, a pour principal objet de mieux faire saisir au public de lecteurs les changements tragiques des modes de vie d’une société marginale. Cet ajout permet de surcroît de souligner l’absence de solutions fiables apportées par la communauté internationale à l’égard d’un problème auquel doit faire face une partie de l’humanité. Mahmout Makal, Jacques Lacarrière, Jean Duvignaud, Eric de Rosny, Eduardo Galeano, Jean Cuisenier, Pascal Dibie, François Robert-Zacot, Alexander Alland et Margaret Mead31 reviennent par exemple sur leurs pas après plusieurs années d’absence et partagent avec le lecteur leurs visions de l’évolution d’une société, bien souvent dramatique. Mahmout Makal, après onze années d’absence, constate que tout s’est dégradé, à l’image de la fontaine du village dans un état de décrépitude manifeste32. Jean Cuisenier effectue également un retour en Roumanie dans les années 90 lorsque le contexte politique l’autorise à nouveau à poursuivre ses recherches sur la vie quotidienne des habitants de trois villages des Carpates33. Pascal Dibie publie en 2005 Le village métamorphosé34 après avoir écrit à la fin des années 70 Le village retrouvé35. Ce qui intéresse tout particulièrement le directeur de la collection sont les études longitudinales et les témoignages au long cours, permettant de comprendre les évolutions des conditions de vie des habitants de la planète, en particulier parmi les franges les plus marginales de la population. Les multiples retours de François Robert-Zacot chez les Badjos36, comme Jean Malaurie chez les Inuits, mettent en évidence les effets ravageurs des politiques de sédentarisation tellurique des nomades de la mer, notamment au niveau du déclenchement d’épidémies irréversibles37. Dans un épilogue à son enquête, Alexander Alland note les bouleversements de la société des Abrons, en lien avec l’industrialisation de la région : de nouveaux objets de consommation sont importés, une agriculture de subsistance laisse place à une agriculture industrielle, ce qui entraîne un phénomène d’épuisement des sols du territoire en même temps qu’une dégradation de la santé des habitants38. Le phénomène du retour n’est pas seulement celui de l’auteur lui-même. Par exemple, Victor Segalen fournit au lecteur de nombreux symptômes du changement social dramatique constaté par Terii. Lors de son retour dans son village natal, le jeune maori est sidéré lorsqu’il constate les changements de coutumes de ses anciens compagnons39.
Le lieu du témoignage devient le regard à la fois attentif et passionné que porte un témoin sur les changements de modes de vie et de pensée d’une population à un moment décisif de son histoire. Le compte-rendu d’Alain Vulbeau à l’anthologie de Pierre Chamin rend compte de cette dimension singulière du témoignage à l’échelle de la collection :
Cette série d’ouvrages a eu et a toujours pour objectif de présenter des récits écrits à la première personne, témoignant de la rencontre entre une personne et un monde, qu’il soit proche ou lointain40.
L’expérience vécue personnellement ou le « J’y étais » de Paul Ricoeur porte sur une rencontre entre un auteur et un lieu, appréhendée à la fois au travers de ses yeux et de ceux des habitants. L’auteur témoigne d’un épisode fatidique de l’histoire d’une société. Dans sa préface à l’édition critique des Tableaux d’un voyage en province de Yitskhok L. Peretz41, Jean Malaurie rappelle que l’écrivain yiddish était dans une position privilégiée pour observer une crise économique, sociale et culturelle : non seulement dans une position intermédiaire, à la fois étranger et autochtone, mais aussi plongé dans une période de profondes mutations dramatiques de la vie des shtetls en Europe orientale. D’une manière similaire, William Hinton42 est un témoin privilégié d’une période charnière dans l’histoire de la Chine moderne, ainsi que le suggère le titre de l’ouvrage en lui-même, Fanshen, exprimant l’idée d’une réforme radicale de la gestion de la terre. Pierre Clastres43 observe les mutations d’une société nomade entrée en contact avec une autre tribu voisine, plus perméables aux pratiques culturelles étrangères : le traité de paix entre les deux tribus marque le début de la chronique tragique de l’assimilation culturelle des Achés. La collection propose des ouvrages souvent très éclectiques, marqués par des ruptures de style et de genre, à l’image du récit d’exploration de Jean Malaurie à Thulé, à la fois monographie scientifique, récit de voyage, chronique historique, pamphlet et journal. Dans « Terre Humaine », le caractère transgénérique du témoignage44 permet aux titres de la collection de traverser une multitude de genres : récits de voyage, essais, mémoires, monographies scientifiques, autobiographies, carnets/journaux, romans…
La chronique d’un drame de civilisation
Dans Hummocks, Jean Malaurie reprend l’idée d’une absorption ou d’une soumission de sociétés minoritaires et nomades sous l’action du rouleau compresseur d’une civilisation plus puissante, technicienne et sédentaire45. La collection « Terre Humaine », résolument engagée en faveur de la préservation de la diversité culturelle à l’échelle de la planète, narre la lente décadence en même temps que la stigmatisation d’une société aussi traditionnelle qu’héroïque. Mais c’est lorsqu’il fait référence à la pensée sauvage conceptualisée par Claude Lévi-Strauss que la nature de la relation entre la société et la civilisation transparaît le plus nettement : « ces sociétés primitives ont le droit d’être appelées des civilisations46 ». Jean Malaurie inventorie des modes de pensée chez les peuples premiers du cercle boréal qui dénotent des capacités approfondies de réflexion, de jugement et d’invention47. Ses propos dans un entretien font du contact de civilisation une rencontre entre une société traditionnelle et une civilisation occidentale :
Les sociétés traditionnelles doivent avancer à leur rythme, qui n’est pas le nôtre, ne pas opter pour un changement brutal, mais pour une évolution lente, réfléchie, afin de prendre le meilleur de notre civilisation occidentale, et non le pire48.
La tragédie du phénomène d’assimilation culturelle émane la plupart du temps de l’adoption de coutumes étrangères modernes non adaptées aux contraintes d’un milieu naturel spécifique. Lors de l’une de ses dernières apparitions médiatiques49, Jean Malaurie s’indigne du passage d’une civilisation « naturée » à une société « dénaturée » à la suite du contact de la société inuite avec la civilisation américaine. De concert avec le développement de la richesse de la « pensée sauvage » des tribus primitives chez Claude Lévi-Strauss en 1955 et la mise en évidence de la sagesse des populations traditionnelles chez Pierre-Jaskez Hélias en 1975, la collection « Terre Humaine » invite à penser toute société comme une civilisation en soi, avec ses propres logiques de hiérarchie sociale, de ramification et d’évolution, à la fois dans le temps et dans l’espace. Dans cette perspective, le point de vue du collectif d’auteurs prolongerait celui d’Hérodote : la civilisation existe en dehors de l’empire grec, même si elle s’exprime différemment. La société inuite ne vit pas seulement dans un état de primitivité mais peut être reconnue en tant que civilisation à part entière, dotée d’une longue histoire et présentant des modalités d’évolutions adaptées à des contraintes environnementales singulières.
Très inspirés du style documentaire du film Nanouk réalisé par Robert Flaherty en 1922, les deux films de Jean Malaurie réalisés50 se présentent sous la forme d’un « drame de civilisation51 » à la fois vécu et documenté par l’auteur. Selon Anne-Marie Bidaud52, le drame de civilisation désigne une technique de prise de vue et de montage d’un film répondant à plusieurs enjeux. Jean Malaurie, qui qualifie son film réalisé sur les sociétés inuites de dramatique de civilisation53, résume lui-même sa démarche de cinéaste, fondée sur un sentiment d’angoisse face à la dégradation d’un mode de vie qui s’était miraculeusement maintenu au fil des siècles :
Mes films sont habités par une pensée humaniste, celle que j’ai eue avec les cent auteurs de la prestigieuse collection Terre Humaine, créée en 1955, aux Éditions Plon ; ils expriment l’inquiétude, sinon l’angoisse de la fin annoncée d’une civilisation d’un peuple extraordinaire, dans un cadre « politiquement correct » d’autonomie54.
Afin d’évoquer la rupture du lien avec la nature et la difficulté d’adaptation à plusieurs systèmes de valeurs, le film doit refléter les tensions qui résultent du phénomène d’acculturation de la société inuite : des mouvements constants dans l’espace comme si l’autochtone cherchait désespérément son destin, des courts circuits temporels qui traduisent le sentiment de perte de contrôle et une multiplication de chocs visuels qui émanent du style fragmentaire d’un montage syncopé. Par exemple, dès le début de la deuxième partie du film, la succession de prises de vue ciblant les cabanes danoises semblent suggérer l’intrusion de ces constructions bigarrées de l’Homme occidental sur le lit blanc du désert qui était resté immaculé depuis des siècles de présence humaine. L’irruption maléfique de l’Homme à l’intérieur d’un cadre naturel édénique, c’est-à-dire d’une civilisation occidentale à l’intérieur d’une société traditionnelle, est l’une des expressions originelles du drame de civilisation dans la collection « Terre Humaine ».
La narration du changement social dans la perspective ethnographique ne passe pas seulement par les sensations spontanément ressenties par l’auteur face à un paysage ou à des modes de vie à l’intérieur de celui-ci mais fait en outre appel à une mise en scène de la voix de l’autre, à une sélection et à un agencement de fragments de réels en un ensemble cohérent. Le découpage du premier film en deux séquences55 conforte la place centrale qu’occupe le processus d’acculturation dans la collection. Tandis que la première partie, « L’esquimau polaire, le chasseur », représente la société inuite à l’écart du monde moderne, dans des activités traditionnelles tels que la chasse et la pêche, la deuxième séquence du film, « L’esquimau chômeur et imprévisible », met en scène la contamination brutale de la civilisation américaine à l’intérieur de cette même société. De nombreux gros plans répétés sur les cigarettes et les bières jonchant le sol attirent l’attention du spectateur sur la consommation excessive de tabac et d’alcool. Dans la scène qui suit le bal inuit accompagné de musiques occidentales, un tas d’ordure sur le sol met en évidence la présence de bouteilles de bière vides. Comme le corps des jeunes adolescentes maories est meurtri au contact des Faranis et des Piritanés56, sous l’emprise de l’alcool, l’Inuit dénaturé perd ses dents, fume, boit et se retrouve sans emploi. L’objet d’étude de la collection n’est pas les populations primitives, marginales, exclues ou oubliées en tant que telles mais les changements cinglants de ces sociétés au contact d’une civilisation plus puissante. Par exemple, le témoignage de Jean Malaurie porte sur la tragédie vécue par la société inuite de Thulé au contact de la civilisation américaine, comme le drame des Maoris succède à l’arrivée des Faranis et des Piritanés. L’issue du combat est sans surprise : les identités du vainqueur et du vaincu sont aisément prévisibles.
Conclusion
Substituer en 1976 à « Une année parmi les Eskimos polaires du Groenland » le titre remanié « Avec les Esquimaux polaires, face à leur destin » à l’occasion de la troisième édition des derniers Rois de Thulé révèle une mutation notoire de la conception du voyage à l’échelle de la collection « Terre Humaine ». Initialement centrés sur la métamorphose d’un auteur au fil d’une expérience de voyage, le récit d’exploration de Jean Malaurie au Groenland et les volumes de la collection « Terre Humaine » deviennent des témoignages sur les bouleversements tragiques d’une société entrée en contact avec une civilisation. La part graduelle que l’éditeur réserve à l’exposition des difficultés auxquelles sont confrontées les sociétés inuites à la suite de l’implantation de la base américaine et les aménagements successifs que celui-ci apporte aux volumes de la collection témoignent d’une dramatisation croissante des souffrances éprouvées par la communauté groenlandaise et plus généralement par les populations périphériques. Au fil des rééditions et des publications, la vocation initiale au sein de l’œuvre arctique de Jean Malaurie et de la collection « Terre Humaine », intimement liée au voyage et à l’exploration, s’atténue au profit de l’écriture d’un témoignage ethnographique voué à la narration d’un drame de civilisation.
Le projet d’une Terre plus Humaine répond à des engagements politiques, à des visées philosophiques et à des valeurs éthiques. La collection de Jean Malaurie se présente comme un plaidoyer en faveur de la lutte pour la défense de la propriété de la terre, le respect du droit d’autodétermination des populations autochtones et plus globalement des droits humains fondamentaux parmi les populations marginales. D’une façon très empirique, il paraît impensable aux yeux du chef d’orchestre du collectif « Terre Humaine » de pouvoir évoquer le désespoir de l’autre sans avoir partagé ses souffrances. La collection s’édifie à partir de la mise en réseau et de la représentation de « drames de civilisation » qui naissent de la rupture du lien entre un groupe d’habitants et un espace déterminé. Dans le prolongement de la tragédie vécue par Jean Malaurie à Thulé, les volumes dramatisent les contacts entre les cultures et expriment la déchirure d’un lien ombilical entre une population et un territoire. L’expression de la nostalgie de la disparition de mondes, liée au désir de préservation d’un patrimoine culturel, naturel et immatériel, devient alors l’un des principaux moteurs de l’élaboration d’une poétique singulière.
La littérature de voyage chez Jean Malaurie peut être rapprochée de la littérature de la relation telle que la conceptualise Édouard Glissant dans Philosophie de la relation. Poésie en étendue. Pour le poète antillais, l'intervention coloniale de l'Occident, quoique destructrice, a rendu possible la recherche du « Tout-monde », source de l'apparition des littératures de la relation57. Penser non pas dans le monde mais avec le monde revient à chercher non pas la conquête et la domination mais la relation et l'équivalence. En se distanciant d’une vue aérienne des « paysages et des reliefs » de la Terre qui caractérise une pensée continentale, la littérature dans la collection « Terre Humaine » embrasse une pensée archipélique qui dévoile les plus petites roches et rivières, ainsi que « les trous d’ombre qu’elles ouvrent et recouvrent58 ». C'est dans un contexte postcolonial que se développe une certaine idée et pratique du voyage dans la collection « Terre Humaine », qui effectue une mise en relation transnationale et transhistorique des victimes de l'oppression coloniale (les peuples premiers) et des héritiers de la colonisation, mais plus généralement des victimes de la société de consommation et de la mondialisation, que nous sommes tous à des degrés divers.
Notes de bas de page numériques
1 Mauricette Berne & Jean-Marc Terrasse (dir.), Terre humaine, 50 ans d'une collection, Hommages, Paris, BnF, 2005.
2 Mauricette Berne & Pierrette Crouzet (dir.), Terre humaine, 50 ans d'une collection. Entretien avec Jean Malaurie, Paris, BnF, 2005.
3 Introduction de l’ouvrage d’hommages à la collection « Terre Humaine », in Mauricette Berne & Jean-Marc Terrasse (dir.), Terre humaine, 50 ans d'une collection, Hommages, Paris, BnF, 2005. L’expression est reprise dans l’article « Le sacre de Jean Malaurie et de Terre Humaine », Le Monde, le 18 février 2005.
4 Je reprends ici le titre d’un article paru dans le quotidien Le Monde, daté du 9 février 2005.
5 Pierre Aurégan, Terre Humaine : des récits et des hommes [2001], Paris, Plon, 2004.
6 Pierre Aurégan, Terre Humaine : des récits et des hommes [2001], Paris, Plon, 2004, p. 400.
7 La règle portant sur l’accord en genre et en nombre des noms et des adjectifs empruntés à une langue étrangère a suscité d’importants débats, en particulier au Québec : les usages du mot « Inuit » comme substantif et adjectif relèvent de questionnements linguistiques éminemment politiques. Selon l’Office québécois de la langue française, le mot « Inuit » dans la langue d’origine désigne déjà un pluriel si bien que la marque du pluriel a pu être omise dans le passé (un Inuk, deux Innuk, des Inuit, dans la langue autochtone). Toutefois un phénomène de francisation est venu modifier cet usage, d’abord au niveau du substantif depuis 1993 (un Inuit, des Inuits ; une Inuite, des Inuites), puis de l’adjectif à partir de 1995 (les populations inuites). Dans le cadre de ma thèse portant sur une collection ayant engagé un combat indéfectible en faveur des minorités à l’échelle de la planète, j’appliquerai systématiquement l’accord du substantif et de l’adjectif (en genre et en nombre) non seulement pour les Inuits, mais pour tous les noms de peuples (un Inuit, une Inuite, des Inuits ; un enfant inuit, des hommes inuits, des femmes inuites). En effet, bien que certains arguent que l’accord pourrait traduire un manque de respect à l’égard du mode singulier de pensée autochtone en imposant à une langue singulière des considérations grammaticales provenant d’une langue étrangère, appliquer au mot « Inuit » les mêmes usages que les mots français, anglais, japonais, brésilien ou camerounais, n’est-ce pas tout autant reconnaître leur pleine valeur ou encore leur dignité humaine, en reconnaissant que les populations arctiques et marginales font partie intégrante du patrimoine mondial de l’humanité, au même niveau que les autres noms de peuples ? Référence : http://www.bt-tb.tpsgc-pwgsc.gc.ca/btb.php ?lang =fra&cont =039 [consulté le 10/09/2016].
8 Jean Malaurie, Hummocks, vol. 1 : « Nord Groenland - Arctique central canadien », vol. 2 : « Alaska - Tchoukotka sibérienne », Paris, Plon, 1999, p. 300.
9 Pierre Chamin, Le livre Terre Humaine I, Paris, Plon, 1993, p. 25.
10 Jean Malaurie, Les derniers Rois de Thulé. Avec les Esquimaux polaires, face à leur destin, Paris, Plon, 1955, 328 p. ; deuxième édition en 1965, 508 p. ; troisième édition en 1976, 592 p. ; quatrième édition en 1979, 656 p. ; cinquième édition en 1989, 854 p.
11 Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques [1955], Paris, Plon, 1993.
12 Jean Malaurie, Les derniers Rois de Thulé (Nord Groenland), Film, format 16 mm, ORTF (Télévision Paris), Paris, INA, 1970. Première partie : « L’esquimau polaire, le chasseur », diffusée le 3 mai 1970 ; deuxième partie : « L’esquimau chômeur et imprévisible », diffusé le 5 juillet 1970.
13 Extrait de la lettre reprise dans les entretiens conduits à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de la collection à la Bibliothèque Nationale de France, in Mauricette Berne & Pierrette Crouzet (dir.), Terre humaine, 50 ans d'une collection. Entretien avec Jean Malaurie, Paris, BnF, 2005, p. 40.
14 La collection publie des guides de voyage abondamment illustrés dans une perspective historique tels que les remarquables récits de voyage de l’ethnologue, écrivain et photographe Fosco Maraini (Tibet secret, 1952 ; Japon, 1969) ou, plus proche de Malaurie, de l’explorateur Paul-Emile Victor (Groenland, 1951).
15 Adelaïde Barbey, L’art du voyage. 150ème anniversaire des Guides Bleus, Paris, Hachette, 1991.
16 Un texte à la fois intellectuel et commercial figurant à la fin de chacun des volumes dans lequel l’éditeur présente au lecteur le programme éditorial de la collection. Palierne, Frédéric, « La déclaration d'intention, une identité entre manifeste et péritexte commercial : une approche du discours d'intention dans les collections littéraires de la seconde moitié du XXe siècle », in Christine Rivalan Guégo & Miriam Nicoli, La collection. Essor et affirmation d'un objet éditorial, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014, pp. 19-35.
17 Le voyage philosophique correspond à une tradition du XVIIe siècle qui concevait le voyage comme une activité de découverte à la fois agréable (plaisir, sensation) et utile (formation, éducation), à la fois scientifique et littéraire, réalisé à la fois avec esprit et avec goût, constamment tiraillé entre précision et atmosphère.
18 Marcel Proust, La Prisonnière. À la recherche du temps perdu, Paris, Gallimard, 1987, p. 762. La citation est reprise dans le Bulletin Terre Humaine n° 12 paru en décembre 2009 et à l’intérieur de l’ouvrage d’hommages consacré à la collection « Terre Humaine » en 2005, Mauricette Berne & Pierrette Crouzet (dir.), Terre humaine, 50 ans d'une collection. Entretien avec Jean Malaurie, BnF, 2005, p. 220.
19 Jacques Lacarrière, L’Été grec : une Grèce quotidienne de quatre mille ans [1976], Paris, Plon, 1993.
20 Jacques Lacarrière, Chemin faisant : mille kilomètres à pied à travers la France, Paris, Fayard, 1974.
21 Jacques Lacarrière, Marie d’Égypte, Paris, Jean-Claude Lattès, 1983 ; Jacques Lacarrière, Ce bel aujourd'hui, Paris, Jean-Claude Lattès, 1989 ; Jacques Lacarrière, La poussière du monde, Paris, Nil, 1997.
22 Jacques Lacarrière, Le Hommes ivres de dieu. Essai sur le christianisme et les Pères du désert d’Égypte et de Syrie, Paris, Arthaud, 1961 ; Jacques Lacarrière, Les Gnostiques, Paris, Gallimard, 1973 ; Jacques Lacarrière, En suivant les dieux, Essai de mythologie comparée, Paris, Philippe Lebaud, 1984.
23 Jacques Lacarrière, À l’orée du pays fertile, Poésies complètes, Paris, Seghers Laffont, 2011.
24 La permanence de l’utilisation du mot « esquimau » dans le sous-titre du récit d’exploration jusqu’à la cinquième édition en 1989 peut surprendre le lecteur dans la mesure où ce choix poétique semble entrer en contradiction avec les orientations politiques de la collection « Terre Humaine ». Continuer de manière quelque peu anachronique de qualifier les Inuits de « mangeurs de viande crue » à la fin des années 80 dénote un primitivisme qui a paradoxalement pour effet de perpétuer la situation coloniale en ensauvageant, voire même en infantilisant la population concernée. Dès les années 70, la plupart des populations de l’arctique canadien et de l’ouest du Groenland ont en effet rejeté l’ancienne appellation d’origine étrangère au profit de l’officialisation du terme Inuit qu’elles estiment moins péjoratif.
25 Jacques Soustelle, Les quatre Soleils. Souvenirs et réflexions d’un ethnologue au Mexique, Paris, Plon, 1967.
26 Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, Paris, Plon, 1955, p. 89 : « Je foule l’Avenida Rio-Branco où s’élevaient jadis les villages tupinamba mais j’ai dans ma poche Jean de Léry, bréviaire de l’ethnologue. »
27 Jean Malaurie, The Last Kings of Thule : With the Polar Eskimos, As They Face Their Destiny, Chicago, University of Chicago Press, 1985.
28 Une étude longitudinale correspond à une analyse descriptive d'un phénomène, étalée dans le temps et réalisée à partir d'un échantillon permanent.
29 Darcy Ribeiro, Carnets indiens. Avec les Indiens Urubus-Kaapor, Brésil [Companhia Das Letras, 1996], trad. J. Thiérot, Paris, Plon, 2002, p. 323.
30 Roland Barthes, La chambre claire. Notes sur la photographie, Paris, Le Seuil, 1980.
31 Quelques exemples de titre de chapitres : « Le retour » ; « Sept années ont passé » ; « Les Samoa aujourd’hui ».
32 Mahmout Makal, Un village anatolien. Récit d’un instituteur paysan [1950 pour Bizim Köy, 1954 pour Memleketin Sahipleri et 1957 pour Kuru Sevda], trad. O. Ceyrac et G. Dino, Paris, Plon, 1963.
33 Maramures : village de Sirbi ; Olténie : village de Dobrita ; Bucovine : village de Sucevita. Jean Cuisenier, Mémoire des Carpathes. La Roumanie millénaire : un regard intérieur, Paris, Plon, 2000.
34 Pascal Dibie, Le village métamorphosé. Révolution dans la France profonde, Paris, Plon, 2006.
35 Pascal Dibie, Le village retrouvé, ethnologie de l'intérieur, Paris, Grasset, 1979.
36 1987 ; 1988 ; 1989 ; 2004.
37 François-Robert Zacot, Peuple nomade de la mer. Les Badjos d’Indonésie [Maisonneuve & Larose, 2002], Paris, Pocket, 2009, p. 515.
38 Alexander Alland Jr., La Danse de l’araignée. Un ethnologue américain chez les Abrons (Côte-d’Ivoire) [Anchor Press, 1975], trad. D. Pemerle, Paris, Plon, 1984, p. 247.
39 Des nouveaux accoutrements, de nouvelles façons de saluer (p. 116), des changements des noms de personnes, christianisation des noms (p. 117), l’absence de préparation du cochon pour célébrer des retrouvailles (p. 118), l’observation sur la position des fidèles en transe, une position inconfortable (pp. 120-121), l’inversement de l’ordre des offrandes (p. 123), la pudeur des femmes et leurs nouvelles attitudes réservées (p. 124), la pratique de la monogamie (p. 125 ; p. 167) ou encore l’adultère jugée comme un péché (pp. 176-177). Victor Segalen, Les Immémoriaux [Mercure de France, 1907], Paris, Plon, 1956.
40 Alain Vulbeau, « “Terre humaine”, des auteurs enfants d'un monde », Informations sociales, n° 131, 2006/3, pp. 55-56.
41 Yitskhok L. Peretz, Les Oubliés du Shtetl. Yiddishland [Di Yidishe Bilbyotek, 1891], trad. N. Weinstock, Plon, 2007.
42 William Hinton, Fanshen. La Révolution communiste dans un village chinois [University of California Press, 1966], Trad. J.-R. Major, Paris, Plon, 1971.
43 Pierre Clastres, Chronique des Indiens Guayaki. Ce que savent les Aché, chasseurs nomades du Paraguay, Paris, Plon, 1972.
44 Catherine Coquio, « Le récit du rescapé est un genre littéraire ou le témoignage comme genre de travers », in Dominique Moncond'huy & Henri Scepi (dir.), Les genres de travers. Littérature et transgénéricité, Poitiers, La Licorne, 2008, pp. 103-131.
45 Jean Malaurie, Hummocks, vol. 1 : « Nord Groenland - Arctique central canadien », vol. 2 : « Alaska - Tchoukotka sibérienne », Paris, Plon, 1999, pp. 455-456.
46 Émission de Jean Malaurie, L'intégrale du jeudi 5 novembre 2015 - 28 minutes – ARTE.
47 La planification démographique, la réaction aux changements climatiques, la pratique de l’échange de femmes, la faculté de perceptions extra-sensorielles sont autant de facultés proprioceptives et cognitives que la civilisation Inuit a développées au cours de sa longue histoire. Jean Malaurie, Lettre à un Inuit de 2022. Récit, Paris, Fayard, 2015, p. 24.
48 Entretien réalisé avec Bahget Elnadi et Adel Rifaat, « Regards croisés : de la pierre à l’homme, in Le Courrier de l’UNESCO, « Gestions modernes et traditions locales », 47ème Année, Avril 1994, pp. 4-8, p. 8.
49 Participation de Jean Malaurie à l'intégrale du jeudi 5 novembre de l’émission « 28 minutes » diffusée sur la chaîne Arte le jeudi 5 novembre 2015, à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage (Lettre à un Inuit de 2022, 2015).
50 Jean Malaurie, Les derniers Rois de Thulé (Nord Groenland), Film, format 16 mm, ORTF (Télévision Paris), Paris, INA, 1970. Première partie : « L’esquimau polaire, le chasseur », diffusée le 3 mai 1970 ; deuxième partie : « L’esquimau chômeur et imprévisible », diffusé le 5 juillet 1970.
51 « La "voix de la science", Le Monde, le 23.03.1981. « "L'effet Malaurie" ou les grandes illusions », in Le Monde, le 05.05.1981. Expression reprise par Jean Malaurie pour exprimer le phénomène d’absorption d’une culture par une autre, in Jean Malaurie, Hummocks, vol. 1 : « Nord Groenland - Arctique central canadien », vol. 2 : « Alaska - Tchoukotka sibérienne », Paris, Plon, 1999, p. 95. Expression reprise par Cécile Joris, « La série de films « Inuit » de Jean Malaurie », in Inter-Nord, n° 16, 1982, p. 360.
52 Anne-Marie Bidaud, « Représentation cinématographique de conflits dans les cultures arctiques : de l'autorégulation à la dislocation. Analyse de quatre films », in Inter-nord, No.18, Paris, C.N.R.S., pp. 379-387 : Anne-Marie Bidaud, « Métamorphose de l'espace et des corps comme signes d'acculturation : étude des films de Jean Malaurie consacrés au Groenland », in Inter-nord, No.19, Paris, C.N.R.S., pp. 351-355.
53 Jean Malaurie, Hummocks, vol. 1 : « Nord Groenland - Arctique central canadien », vol. 2 : « Alaska - Tchoukotka sibérienne », Paris, Plon, 1999, p. 95.
54 Jean Malaurie, La saga des Inuit. Les derniers Rois de Thulé, Paris, INA, 2008. Le texte du livret du DVD a été rédigé le 10 novembre 2007.
55 Jean Malaurie, Les derniers Rois de Thulé (Nord Groenland), Film, format 16 mm, ORTF (Télévision Paris), Paris, INA, 1970. Première partie : « L’esquimau polaire, le chasseur », diffusée le 3 mai 1970 ; deuxième partie : « L’esquimau chômeur et imprévisible », diffusé le 5 juillet 1970.
56 Noms propres en langue maorie utilisés par Victor Segalen pour désigner deux groupes d’étrangers, respectivement français et britanniques. Victor Segalen, Les Immémoriaux [Mercure de France, 1907], Paris, Plon, 1956.
57 Édouard Glissant, Introduction à une Poétique du Divers, Paris, Gallimard, 1996, p. 43.
58 Je reprends ici la métaphore lithosphérique à laquelle recourt Édouard Glissant pour évoquer un glissement de perspective dans un monde postcolonial, c’est-à-dire l’avènement d’un monde humain culturellement pluriel : « Par la pensée continentale, l'esprit court avec audace, mais nous estimons alors que nous voyons le monde d'un bloc, ou d'un gros, ou d'un jet, comme une sorte de synthèse imposante, tout à fait comme nous pouvons voir défiler par des saisies aériennes les vues générales des configurations des paysages et des reliefs. Par la pensée archipélique, nous connaissons les roches et rivières, les plus petites assurément, roches et rivières, nous envisageons les trous d'ombre qu'elles ouvrent et recouvrent, où les zabitants […], en Martinique, et qui sont appelés les ouassous en Guadeloupe […], s'abritent encore ». Édouard Glissant, Introduction à une Poétique du Divers, Paris, Gallimard, 1996, p. 45.
Bibliographie
Bibliographie récapitulative
Œuvres de Jean Malaurie
Malaurie Jean, Les derniers Rois de Thulé. Avec les Esquimaux polaires, face à leur destin, Paris, Plon, 1955, 328p. ; deuxième édition en 1965, 508p. ; troisième édition en 1976, 592p. ; quatrième édition en 1979, 656p. ; cinquième édition en 1989, 854p..
Malaurie Jean, Les derniers Rois de Thulé (Nord Groenland), Film, format 16 mm, ORTF (Télévision Paris), Paris, INA, 1970. Première partie : « L’esquimau polaire, le chasseur », diffusée le 3 mai 1970 ; deuxième partie : « L’esquimau chômeur et imprévisible », diffusé le 5 juillet 1970.
Malaurie Jean, Hummocks, vol. 1 : « Nord Groenland - Arctique central canadien », vol. 2 : « Alaska - Tchoukotka sibérienne », Paris, Plon, 1999.
Malaurie Jean, La saga des Inuit. Les derniers Rois de Thulé, Paris, INA, 2008.
Malaurie Jean, Lettre à un Inuit de 2022. Récit, Paris, Fayard, 2015.
Autres textes
Alland Alexander Jr., La Danse de l’araignée. Un ethnologue américain chez les Abrons (Côte-d’Ivoire) [Anchor Press, 1975], trad. D. Pemerle, Paris, Plon, 1984.
Cuisenier Jean, Mémoire des Carpathes. La Roumanie millénaire : un regard intérieur, Paris, Plon, 2000.
Dibie Pascal, Le village métamorphosé. Révolution dans la France profonde, Paris, Plon, 2006.
Lacarrière Jacques, L’Été grec : une Grèce quotidienne de quatre mille ans [1976], Paris, Plon, 1993.
Lévi-Strauss Claude, Tristes tropiques [1955], Paris, Plon, 1993.
Makal Mahmout, Un village anatolien. Récit d’un instituteur paysan [1950 pour Bizim Köy, 1954 pour Memleketin Sahipleri et 1957 pour Kuru Sevda], trad. O. Ceyrac et G. Dino, Paris, Plon, 1963.
Ribeiro Darcy, Carnets indiens. Avec les Indiens Urubus-Kaapor, Brésil [Companhia Das Letras, 1996], trad. J. Thiérot, Paris, Plon, 2002.
Segalen Victor, Les Immémoriaux [Mercure de France, 1907], Paris, Plon, 1956.
Soustelle Jacques, Les quatre Soleils. Souvenirs et réflexions d’un ethnologue au Mexique, Paris, Plon, 1967.
Zacot François-Robert, Peuple nomade de la mer. Les Badjos d’Indonésie [Maisonneuve & Larose, 2002], Paris, Pocket, 2009.
Études
Aurégan Pierre, Terre Humaine : des récits et des hommes [2001], Paris, Plon, 2004.
Barbey Adelaïde, L’art du voyage. 150ème anniversaire des Guides Bleus, Paris, Hachette, 1991.
Barthes Roland, La chambre claire. Notes sur la photographie, Paris, Le Seuil, 1980.
Berne Mauricette & Terrasse, Jean-Marc (dir.), Terre humaine, 50 ans d'une collection, Hommages, Paris, BnF, 2005.
Berne Mauricette & Crouzet Pierrette (dir.), Terre humaine, 50 ans d'une collection. Entretien avec Jean Malaurie, Paris, BnF, 2005.
Bidaud Anne-Marie, « Représentation cinématographique de conflits dans les cultures arctiques : de l'autorégulation à la dislocation. Analyse de quatre films », in Inter-nord, No.18, Paris, C.N.R.S., 1987.
Bidaud Anne-Marie, « Métamorphose de l'espace et des corps comme signes d'acculturation : étude des films de Jean Malaurie consacrés au Groenland », in Inter-nord, No.19, Paris, C.N.R.S., 1990.
Chamin Pierre, Le livre Terre Humaine I, Paris, Plon, 1993.
Glissant Édouard, Introduction à une Poétique du Divers, Paris, Gallimard, 1996.
Pour citer cet article
David Couvidat, « Le voyage dans la collection « Terre Humaine » (1955-2015) : le récit des métamorphoses d’un auteur et d’une civilisation », paru dans Loxias, 58., mis en ligne le 03 septembre 2017, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=8723.
Auteurs
Après la soutenance de son Mémoire de Master 2 en Arts et langage réalisé sous la direction du Professeur Yves Hersant à l’EHESS, David Couvidat a débuté en 2013 son doctorat en Littérature comparée à l’Université de Paris Diderot, sous la direction du Professeur Catherine Coquio. Pendant l’année académique 2015-2016, il a poursuivi ses recherches doctorales en tant que chercheur-invité au Département de Romance Studies de l’Université de Duke. Il a notamment eu l’occasion de participer à des journées d’études, des colloques et des congrès aux États-Unis (University of California in Los Angeles, University of North Carolina) et au Canada (Mount Royal University). Depuis le 1er septembre 2016, il est Lecteur de français et Chargé de mission éducative de l’Ambassade de France au Brésil, affecté à l’Instituto Federal de Educação, Ciência e Tecnologia do Rio Grande do Norte.