Haïti dans Loxias
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Loxias | Loxias 9
Littératures d'outremer : une ou des écritures « créoles » ?
“Les Antilles, la Guyane, la Réunion, par exemple, s'interrogent tout naturellement sur le métissage des cultures, et ont en commun la notion de créolité. Pourtant cette communauté ne va pas de soi, car elle existe de fait plutôt qu’elle ne s’élabore comme convergence ; chaque territoire conserve jalousement sa spécificité, et à la vérité personne ne semble souhaiter vraiment le mélange de réalités différentes et originales. Pourtant, il existe indéniablement des points communs, que partagent aussi la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, mais encore des pays qui n’ont pas, ou plus, de liens directs avec la métropole française, comme H...”
Loxias | Loxias 30 | Doctoriales VII
Haïti dans la littérature générale et de jeunesse contemporaine : étude comparative des romans L’autre face de la mer et Rêves amers
Haïti apparaît comme une source d’inspiration commune à la littérature générale et aux œuvres pour enfants contemporaines. Aussi n’est-il pas étonnant de retrouver la même thématique dans le roman de l’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert (1998), L’autre face de la mer, et dans Rêves amers (2005), récit pour la jeunesse de Maryse Condé, auteure d’origine guadeloupéenne : un fort ancrage historique, l’évocation d’une île exsangue qui ploie sous la misère et les injustices sociales, la dénonciation de la dictature en Haïtiet de ses relations avec la République Dominicaine ou le rapport ambivalent des insulaires à l’émigration sont autant de points communs aux deux œuvres. Toutefois, le traitement littéraire de ces données s’avère différent. L’autre face de la mer est un roman postmoderne polyphonique. à l’inverse, Maryse Condé évoque Haïti à travers l’odyssée et le point de vue d’une petite fille de treize ans, Rose-Aimée, à laquelle le jeune lecteur peut s’identifier. Mais surtout, Louis-Philippe Dalembert introduit une dimension mythique dans le texte par un rapprochement avec le Livre de Jonas, alors que Maryse Condé opte pour un récit tout à la fois réaliste et poétique qui permet à l’enfant de découvrir la civilisation et la culture de l’île. à travers deux romans qui développent des thèmes communs, le tragique s’exprime par des moyens divergents qui révèlent aussi un rapport différent au mythe et à la culture créole. Haiti is a source of inspiration common to literature in general as well as contemporary children’s books. It is therefore not surprising to find the same themes in the novel L’autre face de la mer (1998), by the Haitian writer Louis-Philippe Dalembert, and in Rêves amers (2005), a children’s story written by Maryse Condé, who comes from Guadeloupe : a strong anchoring in history, the evocation of an island bled white and subjected to severe poverty and social injustices, the denunciation of the Haitian dictatorship and its relations with the Dominican Republic, or the ambivalent relation of the island’s population towards emigration, are all common to these two works. However, the literary manner with which each author treats this information is different. L’autre face de la mer is a polyphonic postmodern novel. On the other hand, Maryse Condé depicts Haiti through the odyssey and the point of view of a thirteen-year-old girl, Rose Aimée, with whom a young reader can identify. Above all, Louis-Philippe Dalembert introduces a mythical dimension into the text, by establishing a link with The Book of Jonah, whereas Maryse Condé chooses both a realistic and a poetic story, which allows a child to discover the island’s civilization and culture. Through these two novels which develop common themes, the element of tragedy is expressed in divergent ways, which also reveal a different relation to the myth and creole culture.